La première chose que voit Leroy lorsqu’il sort du coma, c’est la photo d’une pin-up en bikini aux couleurs du drapeau américain. Une vision aussi nette que les sept années qui séparent son départ pour l’Irak de cet instant précis où il se réveille dans un établissement spécialisé. Lui qui avait oublié jusqu’à son nom pourra-t-il redevenir un jour celui qu’il a été ? Alors qu’il prend une terrible décision, son destin va bouleverser la vie de ceux qui gravitent autour de lui : Freddie, un gardien de nuit, Pauline, une infirmière, sa petite amie Jeanette et sa mère Darla, qui continue à lui lire à haute voix des romans de science-fiction. Pendant que Leroy lutte dans un inquiétant monde parallèle pour sauver sa peau… Après Motel Life et Plein nord, Willy Vlautin signe un roman très fort sur les oubliés du rêve américain. Un livre magnifique sur ceux qui s’accrochent à la vie envers et contre tout, où courage et bienveillance font contrepoids à la noirceur du quotidien
Auteur/autrice : Emilio
Chanson douce – Leïla Slimani
Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame. A travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.
Le sel de nos larmes – Ruta Sepetys
Hiver 1945. Quatre adolescents. Quatre destinées. Chacun né dans un pays différent. Chacun traqué et hanté par sa propre guerre. Parmi les milliers de réfugiés fuyant à pied vers la côte de la mer Baltique devant l’avancée des troupes soviétiques, quatre adolescents sont réunis par le destin pour affronter le froid, la faim, la peur, les bombes… Tous partagent un même but : embarquer sur le Wilhelm Gustloff, un énorme navire promesse de liberté…Ruta Sepetys révèle la plus grande tragédie de l’histoire maritime, qui a fait six fois plus de victimes que le Titanic. Cette catastrophe méconnue lui inspire une vibrante histoire d’amour, de courage et d’amitié.Lumineux, captivant et bouleversant d’humanité.
Un paquebot dans les arbres – Valentine Goby
À la fin des années 1950, Mathilde, adolescente, voit partir son père puis sa mère pour le sanatorium d’Aincourt. Commerçants, ils tenaient le café de La Roche-Guyon. Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant laisse alors ses deux plus jeunes enfants dans la misère. Car à l’aube des années 1960, la Sécurité sociale ne protège que les salariés et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui, par insouciance, méconnaissance ou dénuement ne sont pas soignés à temps. Petite mère courage, Mathilde va se battre pour sortir ceux qu’elle aime du sanatorium, ce grand paquebot blanc niché dans les arbres, où se reposent et s’aiment ceux que l’enfance ne peut tolérer autrement qu’invincibles.
Une mort qui en vaut la peine – Donald Ray Pollock
Après Le Diable, tout le temps, couronné par de nombreux prix, Donald Ray Pollock revient avec une fresque grinçante à l humour très noir.
1917. Quelque part entre la Géorgie et l Alabama. Le vieux Jewett, veuf et récemment exproprié de sa ferme, mène une existence de misère avec ses fils Cane, Cob et Chimney, à qui il promet le paradis en échange de leur labeur. À sa mort, inspirés par le héros d un roman à quatre sous, les trois frères enfourchent leurs chevaux, décidés à troquer leur condition d ouvriers agricoles contre celle de braqueurs de banque. Mais rien ne se passe comme prévu et ils se retrouvent avec toute la région lancée à leurs trousses. Et si la belle vie à laquelle ils aspiraient tant se révélait pire que l enfer auquel ils viennent d échapper ?
Fidèle au sens du grotesque sudiste de Flannery O Connor, avec une bonne dose de violence à la Sam Peckinpah mâtiné de Tarantino, cette odyssée sauvage confirme le talent hors norme de Donald Ray Pollock.
« Pollock : un croisement entre Faulkner et les frères Coen. »
Le Figaro littéraire
L’archipel d’une autre vie – Andreï Makine
Aux confins de l’Extrême-Orient russe, dans le souffle du Pacifique, s’étendent des terres qui paraissent échapper à l’Histoire… Qui est donc ce criminel aux multiples visages, que Pavel Gartzev et ses compagnons doivent capturer à travers l’immensité de la taïga ? C’est l’aventure de cette longue chasse à l’homme qui nous est contée dans ce puissant roman d’exploration. C’est aussi un dialogue hors du commun, presque hors du monde, entre le soldat épuisé et la proie mystérieuse qu’il poursuit. Lorsque Pavel connaîtra la véritable identité du fugitif, sa vie en sera bouleversée. La chasse prend alors une dimension exaltante, tandis qu’à l’horizon émerge l’archipel des Chantars : là où une « autre vie » devient possible, dans la fragile éternité de l’amour.
Le garçon – Marcus Malte
Il n’a pas de nom. Il ne parle pas. Le garçon est un être quasi sauvage, né dans une contrée aride du sud de la France. Du monde, il ne connaît que sa mère et les alentours de leur cabane. Nous sommes en 1908 quand il se met en chemin – d’instinct. Alors commence la rencontre avec les hommes : les habitants d’un hameau perdu, Brabek l’ogre des Carpates, philosophe et lutteur de foire, l’amour combien charnel avec Emma, mélomane lumineuse, tout à la fois soeur, amante, mère. « C’est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l’existence : nombre de ravages et quelques ravissements. » Puis la guerre, l’effroyable carnage, paroxysme de la folie des hommes et de ce que l’on nomme la civilisation. Itinéraire d’une âme neuve qui s’éveille à la conscience au gré du hasard et de quelques nécessités, ponctué des petits et grands soubre-sauts de l’Histoire, le Garçon est à sa façon singulière, radicale, drôle, grave, l’immense roman de l’épreuve du monde.
Livres pour la saison 2016
La nouvelle saison commence le 1er janvier 2016. Voici la liste des livres sélectionnés:
- Bilqiss – Saphia Azzadine
- Check-Point – J-C Rufin
- Je vous écris dans le noir – Jean-Luc Seigle6
- Les oubliés du dimanche – Valérie Perrin
- L’intérêt de l’enfant – Ian Mac Ewan
- Carthage – Joyce Carol Oates
- La vie quand elle était à nous – Marian Izaguirre
- Otages intimes – Jeanne Benameur
- Soudain, seuls – Isabelle Autissier
- Americanah – Chimamanda ngozi Adichie
- Today we live – Emmanuelle Pirotte
- Les échoués – Pascal Manoukian
Fiches: comment ça marche?
Chaque livre contient une fiche avec la liste des lecteurs et les dates de passage.
Dans cet exemple, François Hollande passera le livre « Les Misérables de Victor Hugo » au plus tard le 1er février 2016 à Jim Morrisson. Ce dernier devra passer le livre à son tour, pour le 1 mars 2016 au suivant. Et ainsi de suite…
Il est important de respecter les dates, afin que chacun dispose d’un mois entier pour le lire. En cas de retard ou de difficulté, les coordonnées de chacun sont listées sur les fiches afin de faciliter les contacts.
Les échoués par Pascal Manoukian
« Le chien était revenu. De son trou, Virgil sentait son haleine humide. Une odeur de lait tourné, de poulet, d épluchures de légumes et de restes de jambon. Un repas de poubelle comme il en disputait chaque jour à d autres chiens depuis son arrivée en France. Ici, tout s était inversé, il construisait des maisons et habitait dehors. Se cassait le dos pour nourrir ses enfants sans pouvoir les serrer contre lui et se privait de médicaments pour offrir des parfums à une femme dont il avait oublié jusqu à l odeur… »
1992. Lampedusa est encore une petite île tranquille et aucun mur de barbelés ne court le long des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Virgil, le Moldave, Chanchal, le Bangladais, et Assan, le Somalien, sont des pionniers. Bientôt, des millions de désespérés prendront d assaut les routes qu ils sont en train d ouvrir.
Arrivés en France, vivants mais endettés et sans papiers, les trois clandestins vont tout partager, les marchands de sommeil et les négriers, les drames et les petits bonheurs.
Today we live par Emmanuelle Pirotte
Décembre 1944. C est la contre-offensive allemande dans les Ardennes belges. Pris de panique, un curé confie Renée, une petite fille juive de 7 ans, à deux soldats américains. Ce sont en fait des SS infiltrés, chargés de désorganiser les troupes alliées. Les deux nazis décident d exécuter la fillette. Au moment de tirer, Mathias, troublé par le regard de l enfant, tue l autre soldat.
Commence dès lors une cavale, où ils verront le pire, et parfois le meilleur, d une humanité soumise à l instinct de survie.
Aucun personnage de ce roman palpitant n est blanc ou noir. La guerre s écrit en gris taché de sang. Une écriture efficace et limpide.
Americanah par Chimamanda ngozi Adichie
« En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire. » Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés ? Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux Etats-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria. A la fois drôle et grave, doux mélange de lumière et d’ombre, Americanah est une magnifique histoire d’amour, de soi d’abord mais également des autres, ou d’un autre. De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et les clichés sur la race ou le statut d’immigrant, et parcourt trois continents d’un pas vif et puissant. Traduit en 25 langues, Americanah s’est déjà vendu à 500 000 exemplaires aux Etats-Unis et en Angleterre. Il a également été consacré par le National Book Critics Circle Award for Fiction et a figuré parmi les dix livres de l’année du New York Times.
Soudain, seuls par Isabelle Autissier
Les marins français aiment bien jeter l’ancre et faire couler l’encre. Gerbault, Moitessier, Kersauson, Loïck Peyron,Titouan Lamazou tiennent la plume aussi bien que la barre. Quand on a franchi deux ou trois fois le cap Horn, on ne hisse pas la voile des grands mots et des sensibleries si on veut raconter une histoire. On se laisse porter par elle. Et avec eux, ça décoiffe ! Dans le nouveau roman d’Isabelle Autissier, par exemple, oubliez la traversée amoureuse de Tristan et Yseult. Même l’Odyssée d’Ulysse et la solitude de Robinson Crusoé sont des bluettes comparées aux horreurs qui tombent sur ses deux héros. Je vous préviens : dans ces pages on se transforme vite en voyeurs car on ne saute pas une ligne de cette descente aux enfers…
La démonstration est faite, une fois de plus, par Autissier : la bonne littérature n’est pas faite de bons sentiments. (Gilles Martin-Chauffier – Paris-Match, mai 2015)
Otages intimes par Jeanne Benameur
Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l’ampleur de ce qu’il lui reste à ré-apprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril. De retour au village de l’enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde. Au contact d’une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l’Italien, l’ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, l’ex petite fille abandonnée, avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de témoigner. Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l’urgence de la question cruciale : quelle est la part d’otage en chacun de nous ? De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l’otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu’on ne trouve qu’en atteignant l’intime de soi.
La vie quand elle était à nous par Marian Izaguirre
« Quand la vie était à nous »… Lola regrette le temps où son existence était peuplée de promesses et d illusions, de livres et de discussions enflammées, d amour et de projets pour bâtir une Espagne démocratique. L espoir de 1936.
Quinze années ont passé et ses rêves se sont envolés. Il ne lui reste de cette époque, à elle et à son mari Matias, qu une petite librairie dans les ruelles sombres d un quartier de Madrid. C est dans ce modeste lieu de résistance culturelle que Lola fait la connaissance d Alice, une anglaise hantée par son passé et particulièrement par la mort de l homme qu elle aimait.
Intriguée par un livre en vitrine, Alice entraîne Lola dans une lecture singulière et bouleversante : La fille aux cheveux de lin, l histoire de Rose, anglaise comme elle, soupçonnée d être la fille du duc d Ashford… Une amitié sincère voit le jour à mesure que les deux femmes découvrent ce livre qui va lier leur destin à jamais.
Des paysages de Normandie à l Angleterre de la première guerre mondiale, du Paris des années folles à l Espagne des Brigades internationales, la romancière Marian Izaguirre nous entraîne dans un véritable voyage à travers la littérature, vibrant hommage à la force des mots.
« Un roman qui célèbre l amitié, la complicité féminine et la littérature, devenue un refuge dans une époque troublée. »
El Pais
Carthage par Joyce Carol Oates
Tout semble aller comme il se doit dans la petite ville de Carthage (Etat de New York) en ce début de juillet 2005, si ce n’est que Juliet Mayfield, la ravissante fille du maire a, pour des raisons pas très claires, rompu ses fiançailles avec le caporal Brett Kincaid, héros retour de la guerre d’Irak Un héros très entamé dans sa chair et dans sa tête. Et dont pourtant Cressida, la jeune soeur rebelle de Juliet, est secrètement amoureuse. Or, ce soir-là Cressida disparaît, ne laissant en fait de traces, que quelques gouttes de son sang dans la jeep de Brett. Qui devient alors le suspect numéro°1, et, contre toute attente, avoue le meurtre… Sept ans après, un étrange personnage surgit qui va peut-être réconcilier les acteurs de ce drame bizarre avec eux-mêmes et résoudre l’impossible mystère C’est ce à quoi vise à l’évidence l’auteur qui, infatigablement, fait front de toutes parts : à la violence, à la guerre, au dérangement des esprits et des corps, à l’amour et à la haine. Et à une exploration inédite des couloirs de la mort… Pour le plus grand bonheur de ses lecteurs et de la littérature.
L’intérêt de l’enfant par Ian Mac Ewan
A l’âge de cinquante-neuf ans, Fiona Maye est une brillante magistrate à la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que spécialiste du droit de la famille. Passionnée, parfois même hantée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack. Surtout depuis cette nouvelle affaire : Adam Henry, un adolescent de dix-sept ans atteint de leucémie, risque la mort et les croyances religieuses de sa famille interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver. Avant de rendre son jugement, Fiona décide soudainement de se rendre à l’hôpital pour rencontrer Adam. Mais cette entrevue, au cours de laquelle elle découvre un jeune homme romantique, poète et musicien, la trouble. Désormais impliquée personnellement, la magistrate décide de tout faire pour sauver Adam. Seulement sa décision n’est pas sans conséquences et elle se retrouve unie au garçon par un lien étrange qui pourrait bien causer leur perte. Dans ce court roman, Ian McEwan allie avec justesse la froideur de la justice à la poésie et à la musicalité qui imprègnent la vie des personnages. Dans un style limpide, il construit une de ces ambiances oppressantes dont il a la clé et fait preuve d’une complexité thématique impressionnante. A la lecture, les certitudes se dérobent : où s’arrête et où commence l’intérêt de l’enfant ?
Les oubliés du dimanche – Valérie Perrin
Justine, 21 ans, est aide-soignante dans une maison de retraite où elle se sent bien. Elle vit avec un grand-père taciturne et solitaire, une grand-mère peu affectueuse, et son cousin Jules qu elle considère comme son frère.
Marquée par l’accident qui a coûté la vie à ses parents et ceux de Jules, Justine se jette à corps perdu dans le travail… et les histoires des autres, car sa propre histoire lui échappe. Murés dans le silence, ses grands-parents refusent d évoquer le passé. Alors elle se tourne vers ceux qui se souviennent. Ces « petits vieux » dont elle aime par-dessus tout écouter les souvenirs. Et tout particulièrement ceux d Hélène, sa résidente préférée, retranchée sur une plage imaginaire de laquelle elle dévoile, par morceaux, l histoire de sa vie et d un amour qui a survécu au malheur et à la trahison. Justine passe des heures à l écouter et consigne son récit dans un cahier bleu. Grâce à Hélène, elle va pouvoir affronter les secrets de sa propre histoire.
Un beau livre sur la mémoire et la transmission, le lien intergénérationnel. Un roman tendre, bouleversant, mais aussi réconfortant, dans lequel on se sent bien.
Je vous écris dans le noir par Jean-Luc Seigle
1961. Après avoir vu La Vérité de Clouzot, inspiré de sa vie et dans lequel Brigitte Bardot incarne son rôle de meurtrière, Pauline Dubuisson fuit la France et s’exile au Maroc sous un faux nom. Lorsque Jean la demande en mariage, il ne sait rien de son passé. Il ne sait pas non plus que le destin oblige Pauline à revivre la même situation qui, dix ans plus tôt, l’avait conduite au crime. Choisira-t-elle de se taire ou de dire la vérité ? Jean-Luc Seigle signe un roman à la première personne où résonnent les silences, les rêves et les souffrances d’une femme condamnée à mort à trois reprises par les hommes de son temps.
Bilqiss par Saphia Azzadine
Bilqiss tient à la fois de la reine de Saba, dont elle porte le nom, et de Shéhérazade. En elle, le Verbe se fait femme. Bilqiss manie l’énigme comme la première, elle prolonge la vie par la parole comme la seconde. Elle est l’intelligence au pays de la bêtise, la beauté de l’amour là où les hommes ne font pas la différence entre leur sexe et une aubergine…
Plusieurs figures féminines dans ce livre, mais au fond un seul personnage, qu’il se nomme Bilqiss ou Léandra (journaliste juive new-yorkaise passionnée par l’événement). Une femme qui se venge, que la parole venge. Et pour cela, il n’est d’arme plus tranchante que la repartie. (Jacques André – Libération du 11 juin 2015)
Check-Point par J-C Rufin
Maud, vingt et un ans, cache sa beauté et ses idéaux derrière de vilaines lunettes. Elle s’engage dans une ONG et se retrouve au volant d’un quinze tonnes sur les routes de la Bosnie en guerre. Les quatre hommes qui l’accompagnent dans ce convoi sont bien différents de l’image habituelle des volontaires humanitaires. Dans ce quotidien de machisme, Maud réussira malgré tout à se placer au centre du jeu. Un à un, ses compagnons vont lui révéler les blessures secrètes de leur existence. Et la véritable nature de leur chargement. A travers des personnages d’une force exceptionnelle, Jean-Christophe Rufin nous offre un puissant thriller psychologique. Et l’aventure de Maud éclaire un des dilemmes les plus fondamentaux de notre époque. A l’heure où la violence s’invite jusqu’au coeur de l’Europe, y a-t-il encore une place pour la neutralité bienveillante de l’action humanitaire ? Face à la souffrance, n’est il pas temps, désormais, de prendre les armes ?
Soirée caritative chez Filigrane
La première femme nue
Cher ami lecteur,
Si pendant le congé estival, tu avais envie de rêver et de voyager sans quitter ta chaise longue, je te conseille de te plonger dans les 1200 pages du dernier livre de mon frère, Christophe Bouquerel, intitulé « La première femme nue ». L’histoire de Phrynè, une jeune captive réduite à la prostitution qui va devenir la plus brillante et la plus célèbre hétaïre d’Athènes. Je ne résiste pas au plaisir de citer une critique qui résume remarquablement ce livre: « d’une plume foisonnante et remarquablement érudite, mais sans pédanterie, Christophe Bouquerel brosse un tableau époustouflant de la vie antique – intellectuelle ou misérable – et rend la parole à une femme lumineuse et étonnante qui se fit marbre pour résister à la misogynie et flamme pour inspirer son artiste. » Pour en savoir plus christophebouquerel.com.
Bonnes vacances et surtout bonnes lectures!
Caroline
Liste des livres, saison 2015
La nouvelle saison commence le 1er janvier 2015. Voici la liste des livres sélectionnés:
Titre | Auteur |
De si jolies ruines | Jess Walter |
Le cas Eduard Einstein | Laurent Seksik |
L’arabe du futur | Riad Sattouf |
L’amour et les forêts | Eric Reinhardt |
Les poches cousues | Michel Claise, Alain-Charles Faifherbe |
L’ombre douce | Hoai Huong Nguyen |
Deux ans ou deux cents ans au fond quelle différence? | Franca Doura |
La condition pavillonnaire | Sophie Divry |
Une terre d’ombre | Ron Rash |
Les hommes meurent les femmes vieillissent | Isabelle Desesquelles |
Réparer les vivants | Maylis de Kerangal |
Blond cendré | Eric Paradisi |
Blond cendré, Eric Paradisi
Si les morts parlent aux vivants, c’est pour leur apprendre comment vivre et ne se souvenir que de l’amour.
Alba et Maurizio se rencontrent à Rome pendant la guerre. Elle transmet les messages de la Résistance, il est coiffeur dans le ghetto. Déporté à Auschwitz, Maurizio survit en devenant le barbier de sa baraque, sans jamais renoncer au souvenir d’Alba, à la délicatesse de son visage dessiné sur du papier volé.
Ce portrait, comme sa souffrance, Maurizio l’a confié à sa petite-fille. Des années plus tard, au cours d’une interminable nuit, elle raconte à l’homme qu’elle aime cette histoire qui est son héritage. Mais à mesure que la nuit avance, le drame resurgit…
Réparer les vivants, Maylis de Kerangal
Le cœur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d’autres provinces, ils filaient vers d’autres corps.
Réparer les vivants est le roman d’une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d’accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le cœur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l’amour.
Les hommes meurent les femmes vieillissent, Isabelle Desesquelles
» La bouche la plus scellée n’empêchera pas un corps de révéler ce qu’on a fait de lui. »
Elles sont dix. Mères, sœurs, cousines, petites et arrière-petites-filles, elles vont chercher un oubli à L’Éden, l’institut de beauté d’Alice. Certaines sont au bout de leur existence, d’autres au début.
Tour à tour, elles dévoilent leurs secrets, leur fragilité aussi. Sans rien dissimuler, elles disent la jouissance et la défaite, l’allégresse à aimer et les renoncements. Les rides et les bonheurs.
Toutes sont terriblement attachantes et font face à un silence qu’elles apprivoisent. Celui d’Ève, l’absente, sans laquelle elles ont appris à vivre.
Autour de son souvenir, elles réapprendront à être une famille.
Fantasques, mélancoliques et troublants, les hommes meurent, les femmes vieillissent.
Une terre d’ombre, Ron Rash
Laurel Shelton est vouée à une vie isolée avec son frère — revenu de la Première Guerre mondiale amputé d’une main —, dans la ferme héritée de leurs parents, au fond d’un vallon encaissé que les habitants de la ville considèrent comme maudit : rien n’y pousse et les malheurs s’y accumulent. Marquée par ce lieu, et par une tache de naissance qui oblitère sa beauté, la jeune femme est considérée par tous comme rien moins qu’une sorcière. Sa vie bascule lorsqu’elle rencontre au bord de la rivière un mystérieux inconnu, muet, qui joue divinement d’une flûte en argent. L’action va inexorablement glisser de l’émerveillement de la rencontre au drame, imputable exclusivement à l’ignorance et à la peur d’une population nourrie de préjugés et ébranlée par les échos de la guerre.La splendeur de la nature, le silence et la musique apportent un contrepoint sensible à l’intolérance, à la xénophobie et à un patriotisme buté qui tourne à la violence aveugle.Après Le Monde à l’endroit (Seuil, 2012), Une terre d’ombre prolonge une réflexion engagée par l’auteur sur la folie guerrière des hommes, tout en développant pour la première fois dans son œuvre romanesque une histoire d’amour tragique qui donne à ce récit poignant sa dimension universelle.Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Isabelle ReinharezNé en Caroline du Sud en 1953, Ron Rash est un poète, auteur de cinq recueils de nouvelles et de cinq romans, tous lauréats de prestigieux prix littéraires —Sherwood Anderson Prize, O. Henry Prize, James Still Award, Novello Literary Award, Frank O’Connor Award. Il est titulaire de la chaire John Parris d’Appalachian Studies à la Western Carolina University.
La condition pavillonnaire, Sophie Divry
La condition pavillonnaire nous plonge dans la vie parfaite de M.-A., avec son mari et ses enfants, sa petite maison. Tout va bien et, cependant, il lui manque quelque chose. L’insatisfaction la ronge, la pousse à multiplier les exutoires : l’adultère, l’humanitaire, le yoga, ou quelques autres loisirs proposés par notre société, tous vite abandonnés. Le temps passe, rien ne change dans le ciel bleu du confort. L’héroïne est une velléitaire, une inassouvie, une Bovary… Mais pouvons-nous trouver jamais ce qui nous comble ? Un romand profond, moderne, sensible et ironique sur la condition féminine, la condition humaine.
Sophie Divry est née en 1979 à Montpellier. Elle vit actuellement à Lyon. Après La Cote 400, traduit en cinq langues, La condition pavillonnaire est son troisième roman.
Deux ans ou deux cents ans au fond quelle différence? Franca Doura
« Les préjugés ont toujours le dessus sur la beauté, sur la grandeur. Et si aujourd’hui vous mettez tant d’acharnement à écrire sur le surnommé Milan, c’est autant pour honorer la mémoire d’une belle âme que pour renverser (sans illusion d’y parvenir) cette vigueur préjudicielle chez tant d’êtres intelligents. Vous saviez dès le début que ce qui vous avait rapprochés, vous et lui, allait devoir un jour vous séparer. Jamais, au grand jamais, la durée ne se présenta à vos yeux ni aux siens comme une option viable… » Rémi C., alias Milan, étudiant solaire, fascinant, libre. Mais aussi jeune homme ombrageux, écorché… Un être double, qui touche tour à tour aux arts et à la physique. Une figure bifrons, autour de laquelle tourne la narration, tout en effleurements et évocations, d’Éléa, qui fut son professeur, son amante, son amie. Et cette dualité de se propager à l’entièreté du roman, Franca Doura composant, à travers les couples Milan-Éléa et Milan-Rosie, un portrait ambivalent de la passion amoureuse, qui peut se faire aussi légère que destructrice, aussi lumineuse que mortifère, aussi généreuse que terrible.
L’ombre douce, Hoai Huong Nguyen
Ecrit par une jeune femme d’origine vietnamienne – son prénom signifie «se souvenir du pays» – dont les parents ont fui le Vietnam dans les années 1970, ce beau roman bref parvient à associer la splendeur et la douceur d’un pays à la violence d’un conflit qui le ravagea totalement. (Gilles Heuré – Télérama du 17 avril 2013)
Avec L’Ombre douce, Hoai Huong Nguyen réussit son entrée sur la scène littéraire…
Un titre à la fois trompeur et fidèle, représentatif du grand art de l’auteur, reine de l’oxymore, qui convie à la même table les passions du coeur et les folies des hommes, l’eau claire du lac de l’Epée et le tumulte de l’océan…
C’est tout le talent de cette nouvelle venue sur la scène littéraire. Composer à partir de thèmes mille fois traités (les amours contrariées, les ravages de la guerre) un hymne à la grandeur des sentiments et aux beautés de la nature. (Marianne Payot – L’Express, mai 2013)
Les poches cousues, Michel Claise, Alain-Charles Faifherbe
L’amour et les forêts, Eric Reinhardt
À l’origine, Bénédicte Ombredanne avait voulu le rencontrer pour lui dire combien son dernier livre avait changé sa vie. Une vie sur laquelle elle fit bientôt des confidences à l’écrivain, l’entraînant dans sa détresse, lui racontant une folle journée de rébellion vécue deux ans plus tôt, en réaction au harcèlement continuel de son mari. La plus belle journée de toute son existence, mais aussi le début de sa perte.
Récit poignant d’une émancipation féminine, L’amour et les forêts est un texte fascinant, où la volonté d’être libre se dresse contre l’avilissement.
Prix Renaudot des lycéens 2014
Prix LiRE : Meilleur roman français 2014
L’arabe du futur, Riad Sattouf
Après Marjane Satrapi, qui avait raconté sa jeunesse iranienne dans Persepolis, Riad Sattouf entreprend de mettre en images ses propres souvenirs de Lybie et de Syrie. Ce premier volume de ce qui devrait être une trilogie s’arrête en 1984, alors que l’auteur a 6 ans.
Le cas Eduard Einstein, Laurent Seksik
« Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution. » Albert Einstein.
Le fils d Einstein a fini parmi les fous, délaissé de tous, jardinier de l hôpital psychiatrique de Zurich. Sa mère, qui l a élevé seule après son divorce, le conduit à la clinique Burghölzli à l âge de vingt ans. La voix du fils oublié résonne dans ce roman où s entremêlent le drame d une mère, les faiblesses
d un génie, le journal d un dément. Une question hante ce texte : Eduard a-t-il été abandonné par son père à son terrible sort ? Laurent Seksik dévoile ce drame de l intime, sur fond de tragédie du siècle et d épopée d un géant.