Maud, vingt et un ans, cache sa beauté et ses idéaux derrière de vilaines lunettes. Elle s’engage dans une ONG et se retrouve au volant d’un quinze tonnes sur les routes de la Bosnie en guerre. Les quatre hommes qui l’accompagnent dans ce convoi sont bien différents de l’image habituelle des volontaires humanitaires. Dans ce quotidien de machisme, Maud réussira malgré tout à se placer au centre du jeu. Un à un, ses compagnons vont lui révéler les blessures secrètes de leur existence. Et la véritable nature de leur chargement. A travers des personnages d’une force exceptionnelle, Jean-Christophe Rufin nous offre un puissant thriller psychologique. Et l’aventure de Maud éclaire un des dilemmes les plus fondamentaux de notre époque. A l’heure où la violence s’invite jusqu’au coeur de l’Europe, y a-t-il encore une place pour la neutralité bienveillante de l’action humanitaire ? Face à la souffrance, n’est il pas temps, désormais, de prendre les armes ?
Check-Point: en Ex Yougoslavie deux camions, une mission humanitaire, 4 hommes et une femme
Le décors, parfois très beau,est superbement décrit mais la description de certaines régions dévastées donnent le frisson;
on est en guerre et on la découvre au fil de la lecture
on vit un véritable suspens; c’est un film qui se déroule au fur et à mesure
excellent !
Quand on relit la biographie de Jean-Christophe Rufin, on comprend que ce livre a été inspiré par ses nombreuses expériences mais surtout par sa mission humanitaire en Bosnie-Herzégovine, à tel point qu’on touche le palpable, le vrai dans ces horreurs que sont les guerres avec leurs trahisons, leurs complots, leurs vengeances. Mais l’histoire d’amour est une note de fraicheur qui vient adoucir le sombre tableau.
J’ai beaucoup aimé !
Et pour ceux qui comme moi croyaient que les missions humanitaires étaient au-dessus de la mêlée, J.-C. Ruffin, qui connaît bien le terrain, nous rappelle que « l’humanitaire pacifique a cédé plusieurs fois la place à un engagement militaire. » Dans sa postface, il fait aussi intelligemment le lien avec la situation actuelle en Occident où nous sommes prêts à déplacer notre frontière mentale pour faire place au sécuritaire.
Ces idées sous-jacentes sont habilement mises en avant à travers une histoire prenante, terriblement humaine, racontée avec justesse et sensibilité. Une écriture qui se prêterait parfaitement à une adaptation cinématographique.
Un tout petit bémol : dans ce huis clos de camions, il m’a fallu du temps pour mémoriser qui était qui, confondant les deux militaires (Marc et Axel) avec Vauthier et Lionel. Mais il n’y a personne à blâmer si ce n’est ma mémoire défaillante… Avant, cela ne se produisait qu’avec une kyrielle de noms à consonance étrangère 😉
Je me suis sentie particulièrement touchée par cette histoire, en tant qu’épouse d’un Kosovar et ayant vécu avec lui, de loin mais par l’intermédiaire de sa famille et de ses proches (et les miens!), la guerre du Kosovo en 1998-99. Et comme les lectrices précédentes, j’ai beaucoup aimé. Une histoire prenante et bien écrite, « racontée avec justesse et sensibilité » (tout à fait d’accord avec Nathalie), qui nous emmène aux frontières de l’Europe et de l’horreur, mais symptomatique de toutes les guerres et de l’imbrication de l’humanitaire dans les conflits. Jusqu’où doit-on et peut-on aller? C’est vrai, on peut se demander « à l’heure où la violence s’invite jusqu’au coeur de l’Europe, s’il y a encore une place pour la neutralité bienveillante de l’humanitaire ».
« Entre-temps, le monde a changé, et très vite. Désormais des chrétiens d’Orient aux dessinateurs de Charlie, des filles enlevées au Nigeria aux otages égorgés de Syrie, il y a partout des victimes nouvelles, dans lesquelles je retrouve le visage aperçu à Kakanj, celui de la fiancée des fours.
Des victimes que l’on a envie d’aimer d’un amour particulier: celui qui incite à prendre les armes. »
Et c’est un pionnier du mouvement humanitaire des « French doctors » qui nous le dit…
Heureusement qu’il y a cette histoire d’amour qui nous donne un peu de respiration et un brin de romantisme.