« Le chien était revenu. De son trou, Virgil sentait son haleine humide. Une odeur de lait tourné, de poulet, d épluchures de légumes et de restes de jambon. Un repas de poubelle comme il en disputait chaque jour à d autres chiens depuis son arrivée en France. Ici, tout s était inversé, il construisait des maisons et habitait dehors. Se cassait le dos pour nourrir ses enfants sans pouvoir les serrer contre lui et se privait de médicaments pour offrir des parfums à une femme dont il avait oublié jusqu à l odeur… »
1992. Lampedusa est encore une petite île tranquille et aucun mur de barbelés ne court le long des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Virgil, le Moldave, Chanchal, le Bangladais, et Assan, le Somalien, sont des pionniers. Bientôt, des millions de désespérés prendront d assaut les routes qu ils sont en train d ouvrir.
Arrivés en France, vivants mais endettés et sans papiers, les trois clandestins vont tout partager, les marchands de sommeil et les négriers, les drames et les petits bonheurs.
2ème livre de la saison (encore un premier roman) et encore une belle découverte!!! Un livre coup de poing, coup de coeur, magnifique à mes yeux. Et dans le climat actuel de stigmatisation et de peur des réfugiés, ça nous montre la dure réalité des gens qui fuient tout ce qu’ils aiment pour échapper à une situation invivable. On a de la chance d’être simplement nés du bon côté de la planète… à recommander!!
un livre bouleversant !
des situations inimaginables dont on se doutait, mais détaillé grâce au talent de Pascal Manoukian nous partageons les drames de ces réfugiés, obligés de TOUT accepter ou mourir.
Juste un petit bémol: une tendance à romancer le récit dans les derniers chapitres.
beau livre !
Pour moi aussi, une belle découverte d’un livre où l’émotion n’est jamais loin. La description du long périple de souffrance de chaque individu avant l’arrivée à destination est terrifiante. D’accord aussi avec Jeannine sur le bémol: la tendance à romancer à la fin, avec cet Olivier/CGT providentiel. Pour ma part, j’ai retrouvé bien des choses que m’a raconté mon mari, Kosovar sans papiers quand nous nous sommes connus, sur la hasard de la destination finale (un oncle ou un cousin qui s’est installé là par hasard lui aussi), les stratégies d’évitement de la police, l’entassement, la promiscuité, la peur de la dénonciation… La misère humaine est sans fin. Et ce flot ininterrompu de migrants et de réfugiés est une catastrophe pour les pays d’origine.
« Dans les années à venir, le monde des pauvres, des laissés-pour-compte, allait encore s’affaiblir, se vider de ses forces précieuses, de ses jeunes, de ses hommes forts, de ses ingénieurs, de ses médecins. Une double peine et une double perte, car il fallait de la vision, de la prise de risque, du courage, de l’inventivité pour fuir; tout ce qui faisait les qualités des entrepreneurs dont les leurs avaient cruellement besoin.
Les migrants laissaient derrière eux des pays hospices, perfusés, où seuls les vieux, les faibles et les malades attendaient bouche ouverte qu’on leur envoie la becquée par virement bancaire. Les enfants grandissaient sans jamais voir leurs parents, les mourants étaient portés en terre sans personne derrière eux. Leur monde s’asséchait. »