1961. Après avoir vu La Vérité de Clouzot, inspiré de sa vie et dans lequel Brigitte Bardot incarne son rôle de meurtrière, Pauline Dubuisson fuit la France et s’exile au Maroc sous un faux nom. Lorsque Jean la demande en mariage, il ne sait rien de son passé. Il ne sait pas non plus que le destin oblige Pauline à revivre la même situation qui, dix ans plus tôt, l’avait conduite au crime. Choisira-t-elle de se taire ou de dire la vérité ? Jean-Luc Seigle signe un roman à la première personne où résonnent les silences, les rêves et les souffrances d’une femme condamnée à mort à trois reprises par les hommes de son temps.
Indépendamment du fait qu’il s’agit d’un livre extrêmement bien écrit, l’histoire en elle-même ne peut laisser indifférent: l’histoire d’une meurtrière, sur laquelle tout le monde s’acharne, l’histoire « d’une femme condamnée à mort à trois reprises par les hommes de son temps ». Et même si Pauline Dubuisson ne fût pas (ou fût) la femme pleine de silences, de rêves et de souffrances que décrit Jean-Luc Seigle, j’ai fermé le livre en révolte totale contre la société bien-pensante et hyprocrite de l’entre deux-guerres qui fait des femmes des êtres faibles et irresponsables, en révolte en particulier contre la tonsure des femmes dites collabos à la Libération avec son lot de résistants de dernière minute, revanchards et mesquins; en révolte totale, je vous dis, surprise moi-même par la véhémence des sentiments qui m’agitaient. Preuve que le livre m’a touchée « là où ça fait mal » (:-)). Touchée aussi extrêmement par l’avant-propos et l’épilogue où l’auteur pose un regard plein de compassion sur Pauline Dubuisson et ses semblables. Je n’en suis pas sortie indemne.
« On aurait pu croire qu’après des années de combats des femmes et d’évolution de la société française, l’acharnement contre l’infâme et l’orgueilleuse Pauline serait terminé. Mais non, le 15 août 1991, trente ans après sa mort, Jean Cau, qui vient de rédiger un article pour Paris Match sur Pauline dans une série sur les grandes affaires criminelles, écrit ceci: « Même en évoquant les crimes les plus affreux, on a envie d’y « comprendre » quelque chose, d’être tant bien que mal un peu avocat de la défense, de glisser un brin de pitié ici ou là. Avec Pauline, avec cette dure garce, ça ne marche pas. J’ai beau me tâter le coeur, il reste froid. »
Décidément, les femmes libres et orgueilleuses donnent du fil à retordre aux hommes de bonne volonté…
livre très impressionnant; bouleversant, l’auteur qui essaye d’expliquer l’inexplicable
cette femme nous parle, nous raconte des moments terribles, revis continuellement ce passé qui lui colle à la peau
une lecture qui révolte, qui perturbe, qui interroge