Tropique de la violence – Nathacha Appanah

Il y a une immigration constante et tragique dont la presse française ne parle pas. Elle se déroule dans un coin de France oublié de tous, cette ancienne île aux parfums devenue peu à peu un lieu cauchemardesque : Mayotte. C’est là que Nathacha Appanah situe son roman : l’histoire de Moïse, enfant de migrant rejeté par sa mère parce que ses yeux vairons sont signe de malheur. Recueilli et élevé avec amour par Marie, une infirmière, Moïse se révolte quand il apprend la vérité sur ses origines et décroche de l’école. A la mort brutale de Marie, il tombe sous la coupe de Bruce et de sa bande de voyous, issus du ghetto de Mayotte. … C’est aussi un réquisitoire contre la misère, un appel au secours pour cette île coincée entre pression migratoire et montée infernale de la violence.

5 réflexions sur « Tropique de la violence – Nathacha Appanah »

  1. La réalité des ghettos sur l’île française de Mayotte, vue à travers 5 personnages.
    Fort, dur, très très dur, noir, triste…une histoire qui me hante bien après avoir refermé le livre.
    Brillantissime, nécessaire, tellement humain…

  2. Toujours à la recherche du positivisme ce livre me clarifique pas seulement les dificultes des inmigres mais aussi l’inefabilité de l’adolescence… Tellement des choses à apprendre à travers la lecture!! Merci Isa!

  3. Peu d’espoir dans ce terrible récit plein de violence annoncée dès le titre du roman. La lecture très prenante de ce livre me laisse un goût amer, moi qui suis probablement aussi naïve qu’un Stéphane ou un Mister T.
    Extraits choisis :
    « Je ne sais pas qui a surnommé ainsi le quartier défavorisé de Kaweni, à la lisière de Mamouzdou, mais il a visé juste. Gaza, c’est un bidonville, c’est un ghetto, un dépotoir, un gouffre, une favela, c’est un immense camp de clandestins à ciel ouvert, c’est une énorme poubelle fumante que l’on voit de loin. Gaza c’est un no man’s land violent où les bandes de gamins shootés au chimique font la loi. Gaza c’est Cape Town, c’est Calcutta, c’est Rio. Gaza, c’est Mayotte, Gaza, c’est la France. »
    (…)
    « Oh, après tout, ce n’est peut-être qu’une vieille histoire, cent fois entendue, cent fois ressassée. L’histoire d’un pays qui brille de mille feux et que tout le monde veut rejoindre. Il y a des mots pour ça : eldorado, mirage, paradis, chimère, utopie, Lampedusa. C’est l’histoire de ces bateaux qu’on appelle ici kwassas kwassas, ailleurs barque ou pirogue ou navire, et qui existent depuis la nuit de temps pour faire traverser les hommes pour ou contre leur gré. C’est l’histoire de ces êtres humains qui se retrouvent sur ces bateaux et on leur a donné de ces noms à ces gens-là, depuis la nuit des temps : escalves, engagés, pestiférés, bagnards, rapatriés, Juifs, boat people, réfugiés, sans-papiers, clandestins. »

  4. Pour moi aussi une lecture coup-de-poing dans la réalité sordide du ghetto de Mayotte. Comme Stéphane, j’ai envie de dire: Et pourtant, c’est la France… Un livre bien construit, un va-et-vient entre les personnages, avec chacun leur part d’ombre et de lumière. Et cette tristesse en refermant ce livre sur tous ces êtres humains paumés. Peu d’espoir, c’est la réalité crue qui surgit. De quoi réfléchir et faire réfléchir…

    J’aime beaucoup les passages judicieusement choisis par Nathalie. En voici un autre:

    « Je m’appelle Moïse, j’ai quinze ans et je suis vivant.
    Je vois l’embarcadère et j’accélère, je suis poussé par le souffle de chacal de la meute, par cette vie de merde que je veux laver, je pense à Marie, je pense à Bosco et à Gatzo et à Pascalet et il me semble qu’ils sont là, à courir avec moi, à m’encourager, à me porter. »

  5. un livre terrible, fort, dur, émouvant ; des détails tellement bien décrits
    une lecture bouleversante qui expose la réalité dont personne ne parle
    Les personnages sont tous attachants, ébranlent notre petite vie tranquille .
    tant de passages du livre devraient être cités
    – il n’y a qu’un gosse des rues pour savoir ce que c’est que la joie de trouver une vieille brosse à dent par terre, de la laver à la ravine et de passer un vieux savon dessus , un vieux savon tellement dur , tellement strié de marques noires que c’est comme un caillou, mais on le frotte quand même et après on va dans un coin parce qu’on ne veut pas que quelqu’un d’autre nous vole cette brosse et on se lave les dents avec , on tourne et retourne la brosse dans la bouche comme si c’était un bonbon au miel, et la joie de cela, il n’y a qu’un gosse pour savoir . . . –

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