Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l’ampleur de ce qu’il lui reste à ré-apprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril. De retour au village de l’enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde. Au contact d’une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l’Italien, l’ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, l’ex petite fille abandonnée, avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de témoigner. Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l’urgence de la question cruciale : quelle est la part d’otage en chacun de nous ? De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l’otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu’on ne trouve qu’en atteignant l’intime de soi.
J’avais entendu parler de Jeanne Benameur et de sa sensibilité à fleur de peau. Je suis contente d’avoir découvert son écriture « psychanalytique ». J’aurais eu besoin de plus de calme pour apprécier pleinement, mais j’ai tout de même réussi à plonger dans l’intimité de ces otages… A lire loin du brouhaha, dans un climat d’introspection et puis à mettre de côté, pour apprécier la vie, encore plus qu’avant !
Je l’ai lu à l’aise en vacances. En effet je suis entrée doucement au plus profond des sentiments intimes de ces personnages. J’ai beaucoup aimé, je ne l’ai pas quitté. l’auteur a un art certain de l’écriture. Je découvre l’auteur, Je lirai certainement d’autres livres de Jeanne Benameur
merci aux soeurs pour cette découverte.
Belle écriture intimiste. Chaque mot compte. Un livre qu’on déguste…Et donc, ma soeur, je partage ton ressenti quant au calme nécessaire à cette lecture.
J’adore Jeanne Benameur, que j’ai découvert avec « Profanes ». J’aime son écriture intimiste (tout à fait d’accord avec Isabelle), l’entrée en douceur dans chaque personnage qu’on habite tour à tour, les mots simples, les phrases ciselées. Il y a du Giono en Jeanne Benameur, dans le style, le rapprochement de l’homme à la nature, à la terre, dans la communion des âmes, le retour aux joies simples, la qualité du silence, qui parle, qui nous parle pour peu qu’on sache écouter.
« Cette nuit, c’est différent. Il y a des mots qui viennent. Ce sont les mots humbles de qui se sait humain et frère des humains, quels qu’ils soient, si monstrueux soient-ils. Ce sont des mots pour l’homme au visage las aussi sous sa cagoule et tous ceux qui croient comme des fous. Jusqu’à mener les autres à la mort. Des mots pour tous ceux qui crient dans cette nuit et qu’il n’entend pas parce qu’il a la chance d’être ici, protégé, des mots pour ses camarades encore enfermés, morts peut-être, pour ceux qu’on torture comme pour ceux qui les torturent. Cette nuit il fait à nouveau partie du monde, de ce monde puant la charogne où l’amour souffle quand même, ténu, tenace, dans des poitrines ignorées.
Et il pleure. »