Le sermon sur la chute de Rome, de Jérôme Ferrari

Empire dérisoire que se sont constitué ceux qui l’ont toujours habité comme ceux qui sont revenus y vivre, un petit village corse se voit ébranlé par les prémices de sa chute à travers quelques personnages qui, au prix de l’aveuglement ou de la corruption de leur âme, ont, dans l’oubli de leur finitude, tout sacrifié à la tyrannique tentation du réel sous toutes ses formes, et qui, assujettis aux appétits de leur corps ou à leurs rêves indigents de bonheur ou d’héroïsme, souffrent, ou meurent, de vouloir croire qu’il n’est qu’un seul monde possible.

3 réflexions sur « Le sermon sur la chute de Rome, de Jérôme Ferrari »

  1. Je suis assez perplexe … on en a dit tellement de bien de ce livre philosophique….prix Goncourt tout de même…
    Je n’ai pas eu de plaisir de lecture…enfin si, parfois …mais pas souvent.
    Les phrases sont follement longues…
    On parle du monde, d’avant, de maintenant….trop décousu à mon goût.
    Pas de place pour l’espoir…c’est noir.
    Je devrais peut-être le relire…mais franchement, pas envie du tout!
    On m’a conseillé de lire son livre précédent, « Où j’ai laissé mon âme », qui méritait lui vraiment le Goncourt…
    Extraits :
    « Ce que l’homme fait, l’homme le détruit »…
    « L’égoïsme le plus acharné ne peut échapper au cycle immuable de la naissance et de la mort »

  2. J’avais tellement lu de critiques négatives que je m’attendais au pire. Et bien pas du tout! J’ai beaucoup aimé, y compris les longues phrases sur les tremblements et l’effondrement des mondes… J’ai aimé ce mélange avec les Wisigoths d’Alaric, l’ambiance poussiéreuse de la Sorbonne et de ses hellénistes obstinés, Saint Augustin qui veut se détacher du monde et en oublie ses frères humains au passage, cet entremêlement de plusieurs siècles d’histoire. Un livre qui laisse songeur sur la noirceur du monde et les faiblesses des hommes.
    Voici deux passages pour vous donner envie de savourer cette belle langue:

    (…) devant un maigre public d’hellénistes obstinés et attentifs. Mais l’ambiance de dévotion qui régnait dans la salle poussiéreuse de l’escalier C où on les avait relégués ne pouvait dissimuler l’ampleur de leur déroute, ils étaient tous des vaincus, des êtres inadaptés et bientôt incompréhensibles, les survivants d’une apocalypse sournoise qui avait décimé leurs semblables et mis à bas les temples de divinités qu’ils adoraient, dont la lumière s’était jadis répandue sur le monde. »

    « Pendant trois jours, les Wisigoths d’Alaric ont pillé la ville et traîné leurs longs manteaux bleus dans le sang des vierges. Quand Augustin l’apprend, il s’en émeut à peine. Il lutte depuis des années contre la fureur de donatistes et consacre tous ses efforts, maintenant qu’ils sont vaincus, à les ramener dans le sein de l’Eglise catholique. Il prêche les vertus du pardon à des fidèles qu’anime encore l’esprit de vengeance. Il ne s’intéresse pas aux pierres qui s’écroulent. Car bien qu’il ait rejeté loin de lui, avec horreur, les hérésies de sa jeunesse coupable, peut-être a-t-il gardé en lui des enseignements de Mani la conviction profonde que ce monde est mauvais et ne mérite pas que l’on verse des larmes sur sa fin. »

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